mardi 10 juin 2014

JOUR 7

S'il était possible de dormir sans jamais se réveiller. Mais s'endormir est si difficile et le sommeil si léger.

Le cerveau devait dormir. Il devait se déconnecter. 

On sait que le cerveau ne se déconnecte pas vraiment. Qu'il veille toujours se conservant les fonctions vitales. 

Les gens ordinaires avaient l'habitude d'un cerveau diminué, en dormance. Un esprit supérieur et dominant comme lui n'admettait pas ces faiblesses organiques. 

Même si l'homme appelé Sherlock Holmes se résignait à se plier à ces obligations organiques - après tout, même Jésus devait pisser régulièrement et s'accroupir pour chier - et même Dieu ou fils de Dieu, le corps de sa partie homme devait dormir. Et sans doute en tant qu'homme, encore, il ne pouvait s'empêcher d'avoir une érection devant une femme. Il arrivait à Sherlock Holmes d'avoir ce genre de faiblesse. Et il détestait que son corps arrive ainsi à dominer son esprit. Les esprits inférieurs utilisèrent la religion et ses mystères pour impliquer les tentations de Satan ou les sortilèges des femmes pécheresses qui mériteraient bien le sort terrible qu'elles subiraient en tant que réplique verticale des reptations du serpent maléfiques. 

Mais Sherlock Holmes savait - le grand homme savait beaucoup de choses - que ce n'était que les stratagèmes de la Nature qui essayaient d'accoupler encore une fois des myriades d'hommes et de femmes et des mâles et des femelles de toutes les espèces sous terre, sur terre et dans les cieux, afin qu'elles se reproduisent. 

Ce qui ne l'empêchait pas - intellectuellement - d'apprécier la beauté de certaines femmes. Et il pouvait comprendre - il comprenait tout - pourquoi des hommes avaient trahis, tués, conquis des villes, des empires, fait des montagnes de têtes coupées, alignés pendant des milles des milliers de croix où étaient suspendus crucifiés des vaincus qu'on enduirait de goudron et d'huile et que l'on brûlerait à la nuit. Comme il le faisait avec des mouches et des araignées qu'il empalait sur une aiguille sur le bord de la fenêtre de sa chambre. Mettant le feu à leurs petits corps gigotant et implorant. 

Est-ce qu'un insecte souffre ?

Ou ce sont les nerfs.

Sordides agitations.

Tant d'hommes se sont posés ces questions au sujet des homards que l'on fait bouillir en les plongeant la tête la premières dans un chaudron d'eau bouillante. Ou les femmes.

Les femmes souffrent-elles si on les blesse ?

Ce genre de question l'avait fait végétarien. 

La pensée des abattoirs où on frappait et égorgeait ou décapitaient et saignaient. Les homards et les crabes. Même les huîtres et les moules. Est-ce que des êtres aussi primitifs souffrent dans l'eau bouillante.

Et la vue des femmes empalée qui avait l'air de tant souffrir devant lui, l'avait dégoûté à tout jamais de faire usage des femmes dans cette fonction vitale. 

Un des sujets qui avait attiré son attention était la promesse ou la menace des propriétaires du journal de cesser de le publier physiquement sous forme papier. Ce qui était coûteux en ces périodes où la publicité qui faisaient vendre tout ce papier devenait plus rare. 

Les lecteurs réguliers, occasionnels et les abonnés ne faisaient pas réellement vivre ce tas de papier imprimé puisque les frais d'utilisation n'était rien comparé à ce qu'il en coûtait à l'organisation industrielle pour le fabriquer et le distribuer. Par camelots. Camions. La poste. 

Les agences de publicité civiles et gouvernementales payaient le reste. 

En temps normal. 

Le support physique - papier - servant à contenir et propager la propagande commerciale ou étatique. 

On passerait à un autre support tout aussi matériel: une tablette électronique. Quoiqu'on pouvait déjà s'abonner pour le recevoir sur sa liseuse, son téléphone, son ordinateur.

Mais le commerce avait encore besoin de ce support éducatif. 

L'État aussi.

On utiliserait donc un ordinateur miniature de forme variée. Le vôtre ou celui d'un autre.

On se proposait même de le donner - on le posterait chez vous - si on s'abonnait suffisamment longtemps comme on fait déjà pour le téléphone. 

Tout ceci dans le noble but d'informer le public.

Et tout ce papier contenait tant d'informations, la plupart invérifiable mais il fallait tenir compte du sérieux de leur auteur qui les avait cherché, recherché, médité, pensé, synthétisé. Comparé avec d'autres. Produisant une source de sérieux indéniable.

Bien sûr, se dit Sherlock Holmes, tout ceci est complètement faux.

Ou la plupart.

On avait les résultats vérifiables du dernier match de hockey. 

Il y avait une critique personnelle d'un des employés de l'organisation au sujet de la dernière comédie musicale, du dernier disque (CD), du dernier livre.

Le tout probablement aussi exact qu'on pouvait l'être. L'employé que l'on appelait critique y allant de ses observations personnelles qui valaient celles d'une autre lecteurs qui aurait vu, écouté, lu la même chose.

Mais plus l'information rapportée était importante, plus ses conséquences étaient ou pouvaient être dramatiques, plus elle touchait les élites dirigeantes, plus c'était faux.

Restait à déterminer le % de faux et de vrai.

On pouvait déduire du fait qu'on publiait la chose qu'on n'avait pas pu la garder secrète ce qui est la meilleure des protections.

Ou qu'il fallait impérativement rendre public ces mots afin de provoquer une réaction publique. Ou expliquer dans des termes soigneusement choisis pourquoi choisis. Ce qu'on n'avait pu garder privé ou secret et qui dans des esprits non préparés - ce qu'on était en train de faire ou d'essayer - pouvait provoquer des réactions ou, au moins, des pensées, néfastes. 

Le but était donc de préparer les esprits.

Comme on a vu souvent pour le gaz de roche ou de schiste. Et le pétrole de schiste sur une île servant de parce naturel et de réserve écologique. Même d'anciens premiers ministres avaient acceptés de se mouiller pour des choses qui ne les concernait nullement et pour lesquelles ils n'en tireraient aucun bénéfice.

Un moment pour un soupir.

Étant donné la nature humaine, il fallait en douter.

Et dans ce processus d'éducation permanente Goebbellienne ou de lavage de cerveau, il y avait le régulier témoignage au sujet de l'événement majeur du nouveau siècle et du nouveau millénaire.


Les événements du 11 septembre 2001

Et tant de questions.

Et devant un tel océan de textes et de documents, on comprendra qu'il était aussi impératif que cette nouvelle soit rendue publique qu'il l'était que d'autres restent à jamais secrètes.

Le but étant de provoquer des réactions et des conséquences.

Le tout allait former le nouveau siècle encore enfance.

Question 1

Est-ce monsieur Oussama Ben Laden qui a envoyé 19 soldats attaquer les USA ?

Question 2

L’administration du président George W. Bush est responsable de l’attaque ?

Sherlock Holmes n'ayant jamais eu le moindre scrupule à appeler un chat un chat, un rat un rat et un président malade mental entouré d'autres malades mentaux comme il se doit.

Qu'en plein nouveau millénaire qu'une nouvelle cour Florentine s'installe avec toutes ses turpitudes et ses dégénérés à quelques centaines de mille de son domicile avait de quoi le...

Il chercha le mot.

Le perturber.

Sherlock Holmes n'était pas un homme à éprouver des émotions féminines. Il aimait à dire qu'il n'avait aucune émotion. Qu'il en avait déjà eu et que c'était heureusement chose du passé.

On disait même qu'il avait déjà aimé une femme.

Il répliquait que tout bien considéré que pénétrer une femme n'était pas aussi amusant que ça. Le but de ce qu'on appelle l'amour étant l'acte sexuel terminal et le but de cette activité physique était la reproduction d'un autre malheureux. 

Les femmes comme toutes les femelles de toutes les espèces animales étant programmées dans cet unique but qui sera le sommet de leur vie. Ou qui les tuera. L'accouchement étant monstrueux et douloureux. Lui avait dit une ancienne amie qui était passée par là et le regrettait amèrement.

Ne supportant pas l'immonde chose qui était sorti de son ventre, elle le laissa aux organismes désignés dans ce but pour le donner en adoption, souhaitant à la chose sanguinolente et gluante tout le bonheur possible mais loin. 

S'il n'appréciait pas les activités physiques seul ou en groupe, Sherlock Holmes aimait penser. Et pour ceci, il préférait la position assise. Quoique la position couchée était encore préférable. La station debout rapprochant trop de l'action. Tant qu'à marcher pour penser comme prétendent le faire certaines personnes, ceci tenait pour lui d'une autre aberration dont était victime les personnes limités intellectuellement. Comme s'il fallait remuer son cerveau dans son crâne et sa tête et lui faire prendre l'air ou faire de l'exercice en allant le promener au bout de sa laisse ou de sa cravate sur son cou.

Tout ceci était absurde.

On ne pense bien que lorsqu'on est mort.

Ou, à défaut, en position de mourant ou de cadavre ou de gisant sur son tombeau de pierre.

Et ajouterait quelqu'un qui l'a bien connu: il ne jouait pas de cet horrible instrument appelé violon. Quoiqu'il aimait parfois écouter la clavecin. Car le piano était trop bruyant. Pour ne rien dire de l'orgue.

Mais il n'avait pas besoin d'écouter de la musique pour se distraire ou penser. 

Penser était un jeu.

Les idées étaient des objets.

Objets ou jouets que l'on remuait, déplaçait, assemblait.

Comme un mathématicien ferait avec des chiffres ou des dessins. 

Et ce qui attirait son attention était cet article larmoyant au sujet des victimes du 11 septembre. 

Il venait de voir lorsqu'il était sorti acheter son journal, un automobiliste mourir, broyé dans son auto. 

Sherlock Holmes était sur le viaduc surplombant la circulation et regardait les travaux encombrer le paysage. Comme d'habitude, c'était fait sans aucun bon sens. On commençait à un bout. Sans finir. Revenait. S'en allait. 

Une auto - la TV lui apprendra que c'était un homme dans une auto - attendait avant de s'engager dans l'autoroute, essayant de se décider, car c'était compliqué à cause des travaux déments un peu partout. 

Arriva à toute vitesse derrière lui une autre auto - la TV lui apprendra que c'était une femme et il s'en doutait déjà à la voir circuler. 

L'auto aurait du ralentir ou même s'arrêter et attendre que l'auto précédente se décide enfin. Mais ces bulldozer et pelles mécaniques partout avait de quoi intimider. 

Ce fut comme au billard lorsqu'une boule en frappe une autre et l'envoie ailleurs.

La seconde auto - conduite par la femme - frappa l'arrière de l'auto - de l'homme- et le précipita sur la route dans le mauvais sens où un camion remorque avec une boite de 53 pieds le frappa à son tour mais si vite qu'il ne put rebondir. Le camion monta dessus et termina ainsi la vie de l'automobiliste peureux.

Ainsi va la vie. Et la mort.

Toute personne qui nait meur déjà et mourra définitivement.

Et toute femme qui «donne la vie» selon leurs termes, donne en réalité la mort. Avec tout ce qui accompagne le mourant: chagrin, honte, peur, douleurs.

La naissance devrait être interdite.

Et on devrait emprisonner les femmes.

Il repensa ensuite à ce qu'il venait de penser spontanément et réalisa que c'était stupide et qu'il avait peut-être ou sans doute quelques problèmes avec les femmes. 

Comme il ne croyait pas à la psychanalyse et à la confession catholique, il se dit qu'il allait garder ses problèmes pour lui. 

Comme on n'a aucune maîtrise sur son cerveau - et même un maître de cette activité cérébrale qu'est la pensées - comme lui - pouvait se retrouver, heureusement brièvement, avec une pensées sauvage et désagréable.

Et il eut ce souvenir. Comme lorsqu'on régurgite un bouillon acide qui s'est mal digéré.

Cette femme.

Ce regard.

Cette douleur.

Et il se força à repenser autre chose.

Et comme un phoque apprivoisé, son cerveau, pensa et sauta dans le cerceau que le dompteur lui tendait.

11 septembre 2011.