JOUR 6

S'il était possible de dormir sans jamais se réveiller. Mais s'endormir est si difficile et le sommeil si léger.

Comme il détestait la violence qui blesse et enlaidit en plus de faire transpirer – il détestait toute forme de mouvement qui fait transpirer – il découvrit l'aïkido lorsqu’un ami ou quelque chose du genre – il n’aimait pas faire usage de mots aussi chargé de sens – et encore moins qu’on en use avec familiarité dans certains programmes de communication par Internet.

Et le mot «amour» l’inquiétait à cause des excès terribles que provoquaient cette pulsion mécanique.

Il avait rencontré un homme qui se faisait appeler Henry Dickson et vécut quelques expériences compliquées au service d’un homme encore plus inquiétant et qui avait la détestable habitude de couper la tête des gens.

Sous prétexte qu’il y en avait déjà trop.

Ce qui, il en convenait, était une raison.

Mais était-elle la bonne?

Et qu’en naissant, ils étaient déjà condamné à mort – il ne faisait que précipiter leur destin – et comme la coupure était d’ne qualité appréciable, ils ne sentaient probablement rien – ce qui n’aurait sans doute pas été le cas lors de leur véritable mort.

Celle que leur Destin leur réservait.

Mais il ne servait à rien de discuter avec lui.

Le genre d'homme exaspérant qui ne cesse de donner des ordres.

Et qui a en plus la plus détestable habitude de tuer ceux qui refusent d'obéir. Ou échoue dans leur pitoyable exercice d'obéissance.

Par contre, il discuta avec Henry Dickson qui aimait discuter.

C'est lui qui lui apprit les bases de l’art martial – art de la guerre – et non sport comme la boxe ou le judo - japonais fondé par maître Morihei Ueshiba.

Homme d'exception qui réunit l’expérience d’une vie dans toutes les disciplines de combat qu’il rencontra – et il étudia chacune – avec les savoir secrets des samouraïs.

En résultat une discipline élégante qui ne faisait pas transpirer.

Et où on pouvait graduer l’usage de la violence.

Son inventeur considérait comme indigne de donner des examens qui donnent à leur tour ces grades et ceintures qui font tant plaisir aux hommes inférieurs.

Les maîtres - ses élèves - savent reconnaître le degré d'avancement de leurs élèves mieux qu'eux-mêmes. Et ils leur proposeront des exercices supérieurs que ne comprendraient pas ceux qui sont encore en bas.

Comme tous s'exercent ensemble et font tous la même chose, ceux qui savent un peu ne voient pas la subtile différence dans la démonstration que perçoivent ceux qui sont arrivé à un autre niveau.

Ce n'est que lorsqu'ils affronteront leurs supérieurs qu'ils tomberont inévitablement. Sans trop savoir pourquoi. Car ils ont fait ce qu'ils devaient faire et ce qu'on leur a appris. Mais ils n'ont tout simplement pas tout compris. Et leur chute - qui était inévitable - démontre leur inexpérience.

Et entretient leur humilité.

Mais l'homme supérieur aide celui qui est tombé au lieu de profiter de sa chute pour le détruire tout à fait.

Ce qui ne signifie pas que l'être supérieur ou celui qui a acquis une compréhension plus précise des choses de la vie - se laissera vaincre et détruire par l'adversaire qui est tombé. Et qui ne veut pas profiter de cette expérience salvatrice: il est tombé. Il aurait pu avoir le bras luxé, cassé, le cou brisé.

L'être inférieur furieux croit qu'il est déshonoré et veut se venger. Profitant de ce qu'il croit une faiblesse méprisable de celui qui l'a fait - accidentellement - étudions ce mot! - qui ressemble presque à l'usurpation du hasard dans la logique des choses qui veut que le fort gagne contre le faible et que la femme - toujours - soit blessé par l'homme.

Donc l'homme de rang inférieur dans l'échelle de l'évolution voudra immédiatement se venger - après tout, il a tous ses membres, peut-être une arme cachée ou il peut se servir d'une bouteille, d'une baguette de billard, d'une patte de chaise.

Et comme on ne peut se battre indéfiniment sans s'affaiblir, l'homme de rang supérieur comprendra qu'il est inévitable que l'homme inférieur meure.

Ainsi les techniques mortelles ne seront enseignées qu'aux élèves ayant démontré l'esprit philosophique adéquat.

Sherlock Holmes appréciait l'aspect décoratif ou féminin de cet art conceptuel du combat réservé aux esprits d'élite comme lui.

Contrairement aux techniques de combat plus rudes tels que le karaté ou le Taekwondo ou le kung fu. Réservés aux agriculteurs, bûcherons. Destinés à casser le plus rapidement possible un os ou tuer.

Immobiliser quelqu’un et le convaincre qu’il est inutile de s’opposer suffisait.

Convaincre son corps.

Maître Morihei Ueshiba qui était religieux, poète et mystique attetnt le stade de l‘illumination et de la vision.

Ce qui lui permit de perfectionner encore son art qui était sous un certain angle une forme de méditation ou de poésie physique.

Au combat, devant un adversaire, les témoins prétendirent qu’il savait d’où viendrait le premier coup.

Et face à des individus muets et ne déclarant pas leurs sentiments, il savait encore si l’un d’eux ou plusieurs utiliseraient la violence.

Comment ils le feraient.

Quand ?

Il expliquait ceci par une sorte de sentiment de déjà-vu.

Il savait ou sentait venir les coups avant qu'ils ne commencent.

Quel geste, quel bras, quel poing.

Et avant même d’atteindre un état d’un plus grand niveau encore, le mouvement se déployait devant lui comme au ralenti.

Comme on a pu voir sommairement décrit dans la série de films Matrix.

Qu’on utilise contre lui une arme blanche : couteau, épée, lance, hache, faux.

Ou une arme à feu.

Contrairement à ce qu’on a prétendu et il n’a lui-même jamais voulu laisser croire une telle chose, il n’était pas invulnérable devant une arme à feu.

Et, encore une fois, le film Matrix exagère fortement – mais la vérité n’es pas son propos – c’est le sens du spectacle qui occupe l'esprit de ses auteurs – il faut donc frapper l’imagination et montrer des balles au ralenti et même le trajet dans l’air sous forme de rayon comme si c’étaient une torpille sous l’eau et toute personne dotée de conscience sait qu’il est impossible d’éviter un projectile d’arme à feu dirigé sur vous.

Aucun réflexe du corps humain n'est suffisamment rapide.

Lorsque le coup de feu part.

Si le canon de l'arme est dirigé sur vous.

Mathématiquement. Physiquement. Vous êtes mort.

Par contre, il avait acquis - il ne pouvait lui-même dire comment - prétendant parfois que c'était la méditation, la prière, la poésie ou la calligraphie et l'usage du pinceau dans lequel il excellait - qui lui avait permis d'acquérir cette faculté de prescience. Il n'utilisait pas le mot «sa» comme si cette qualité divine pouvait être à lui, en sa possession, simple mortel éphémère, transitoire et passager qu'il était.

Et il était à peine.

Et il créait des formes.

Comme les dieux.

Dans une forme plus primitive mais humainement si efficace.

Il voyait.

Alors que ce mot provient du vocabulaire théologique définissant une des facultés divines faisant parti de la Connaissance absolue.

Comme arrêter le mouvement d’une balle en plein vol est hors de la portée humaine connue – ce qui ne veut pas dire que ceci est impossible et n’a jamais existé.

Ou bien voir le mouvement de la balle vers soi et s’écarter de son chemin ce qui est tout à fait impossible du fait des vitesses en cause. Et la vitesse de l'influx nerveux produit par les ondes lumineuses et sonores en direction du cerveau par l'entremises des organes visuels et auditifs et le retour d'une autre courant électrique vers les muscles même rapide ou quasi instantanée est encore trop lente par rapport à la vitesse d'un projectile voyageant dans l'espace suite à l'explosion d'une charge de poudre.

Des mathématiciens ont fait des calculs comparatifs qui corroborent cette affirmation.

Vitesse.

Réflexe.

Mouvement.

Énergie.

Celle de la balle projetée dans l’espace par une poudre explosive soigneusement calculée et la vitesse limitée des réflexes humains.

Mais il avait vaincu des hommes armés d'arme à feu.

Il avait donc à son usage une forme diminuée des qualités divines : comme pour les coups et les lames, il devinait ou savait ou voyait le mouvement avant de se faire.

D’où il se ferait.

Quelle main serait utilisée.

Car une main devrait inévitablement saisir l’arme dissimulée.

Et elle ne le ferait que par un parcours programmés, toujours le même.

À cause des os, des tendons et des muscles et de la limite des articulations à chaque extrémité des os des membres, il était impossible qu'il en fut autrement.

Ou si dans une situation précaire, l’arme était déjà en main et qu’il se trouvait dans la position de victime mais que le pire n’était pas encore arrivé.

Certes, on le menaçait.

Il était exact que l’index soit sur la gâchette et qu’il suffirait d’une légère pression pour que le mécanisme d’horlogerie souterrain interne de l’arme actionne le percuteur et frappe l’amorce de la cartouche.

Et la petite quantité de poudre fulgurante ferait exploser la plus grande quantité contenue dans l’étui de cuivre et cette action physique projetterait la balle de plomb dans l’air en direction d’une cible visée – lui – vous – dans le sens du bout du canon.

Mais ses sens supérieurs, son état d’élévation supérieure ou son entraînement supérieur et intense et constant pendant des décennies lui avait fait percevoir toutes les possibilités du corps jusque dans le jeu des muscles et des tendons.

Mais il y avait encore plus.

Quoiqu'il ne s'en soit jamais vanté.

Mais si le sens mystique était vrai : il savait à quel moment l’esprit ordonnerait aux muscles, aux nerfs et aux tendons d’actionner la détente provoquant ainsi le coup de feu fatal.

Il pouvait donc agir efficacement avant ce moment décisif et différencier entre plusieurs armes pointées, celles qui ne seraient pas utilisées faute d’un esprit aiguisé et décidé.

Et celle tenue par un tueur qui n’aurait aucune hésitation à tuer ou blesser.

Et lui-même n’aurait donc aucune hésitation à frapper avant même l’ébauche du mouvement.

Désarmant, projetant le bras et l’arme, blessant, incapacitant l’agresseur.

Avant même que celui-ci décide ou pense de tuer.

Et ceci  arriva avant même le stade suivant, réservé encore une fois aux humains – d’autres facultés ne pouvant être utilisée que par des êtres d’une autre nature.

            

Avant que le coup frappe, il en était prévenu – à ce moment, les descriptions varient.

On raconte qu’il décrivit un éclair blanc.

Signal du pire qui pouvait arriver inéluctablement.

Un point de lumière.

Ou une petite sphère lumineuse dorée ou de couleur bronze qui s’élevait dans les airs devant lui lorsque la menace allait surgir lâchement par derrière.

Indiquant la direction du coup.

Il n’avait alors qu’à se tasser.

Et face à face, la sphère brillante indiquait l’homme qui frapperait le premier.

La partie du corps qu’il utiliserait : bras. Jambe. Droite. Gauche.

Et lorsque l’ennemi frapperait, il suffirait simplement d’être ailleurs.

Ses réflexes étant si vifs qu’un déplacement bref suffisait.

Ensuite, dans une des formes prévues de son art, il saisirait délicatement le bras et l’accompagnerait dans sa fuite en avant, ajoutant un rien d’énergie à l’énergie initiale se projetant dans le vide, ce qui suffirait à faire quitter le sol le corps entier de l’adversaire qui ne pourrait que suivre son bras ou son pied en mouvement vers le vide puis le sol où tout ensemble il tomberait lourdement.

Il suffisait de le laisser aller.

Henry Dickson dans ses voyages avait reçu des leçons des élèves du maîtres.

Mais ce n’est que récemment pour une raison inexplicable qu’il put percevoir le danger sous forme de sphères lumineuses.

Et on a pu voir ce qui arrivait à un ennemi qui l’attaquait lâchement avec un couteau de boucherie.

C’était un phénomène nouveau et inexplicable pour lui. Mais bien utile.

Quant au maître de ses maîtres, les esprits craintifs qui n’osent utiliser des mots dépassant les domaines de la physique normale alors que les spécialistes découvrent déjà que ce qu’on appelle «matière» est tout sauf normale.

Et les mots ou les calculs que l’on a utilisés jusqu’ici pour la décrire elle et ses actions pourraient faire parti d’une autre catégorie que l’on aurait désigné autrement autrefois comme miracle.

Monsieur Dickson et Holmes étant des hommes  ordinaires étrangers aux notions mystiques, on dira donc qu’ils ont atteint un niveau de maîtrise de cet art martial exotique leur permettant de ne laisser aucune ouverture à l’ennemi.

Déjouant ses plans secrets.

Même ceux dont l’esprit le plus primitif du plus répugnant des voyous n’a lui-même aucune conscience, car son esprit diminué n’agit que par réflexe au niveau du cerveau reptilien.

Un animal.

Vif.

Donc quelque chose dans son attitude les prévient.

Un entraînement constant leur permettra d'anticiper de manière quasiment instinctive les attaques. Quelle qu’elles soient. D’où qu’elles proviennent.

Mais dans cet art , le maître des maître était arrivé à un niveau tel qu’il ne sera jamais égalé par aucun humain avant longtemps.

On a dit qu’il combattit 30 personnes à la fois et ne fut jamais vaincu.

Et monsieur Dickson, en bon élève studieux a appris suffisamment de choses pour survivre dans n’importe quelle situation.

Ce qui ne l'empêchera pas de mourir inévitablement. Comme la normalité des chose l'exige impérieusement.

Tandis que Sherlock Holmes qui est trop paresseux n’a voulu apprendre que ce qui lui serait utile dans la moyenne des situations.

Et au pire, il se disait qu’un coup de couteau dans le cœur suffit à mettre fin à bien des combats.

Et si on le menace d’une arme à feu.

Il a l’avantage limité, certes, qu’on le croit inoffensif. Et désarmé. Ce qui entraîne chez l’esprit primitif un sentiment exagéré de triomphe organique.

Il suffira de profiter d’un moment d’inattention ce qui est fréquent de la part d’un esprit lourd et primate.

Le sentiment de surprise aidera ensuite à paralyser.

Il ne s’agit pas de menacer. On ne menace pas quelqu’un qui a un fusil ou un révolver avec un couteau à moins de vouloir se suicider ce  qui arrive souvent avec les malades mentaux et les policiers.

Les policiers tirent.

Chanceux s’ils utilisent le Taser.

Dans ce cas, Sherlock Holmes tuait.

Comme disait Gengis Khan : blesser quand on peut tuer est une forme de faiblesse et de cruauté féminine et infantile.

Monsieur Dickson disait qu’il n’avait aucune pitié.

L’homme à l’épée en avait encore moins.

Il lui était arrivé de se vanter d’avoir tué des millions de personnes.

Et même si c’était incroyable et absurde et impossible, quelque chose dans l’aspect de cet homme – peut-être ses yeux - faisait croire que c’était possible et que c’était arrivé.

Il se repentait parfois.

Disait qu’il avait péché.

Et disparaissait dans une église. Édifice d’une organisation spécialisée dans ce domaine.

Il lui arrivait souvent de se croire damnée.

Monsieur Dickson, lui, croyait qu’il était mort.

Monsieur Sherlock Holmes ne croyait en rien. Même pas en lui.

Mais il s’amusait des dons qu’une sorte de fée espiègle, comme dans les contes, lui avait accordé.

Parlons de ces dons.

Il voyait les idées en couleur.

Et il savait.

Tout à coup, dans une situation donnée, même lorsque tout était complexe, désordonné, inextricable, l’idée surgissait.

Si c’était un crime, il savait qui était coupable.

Si c’était un secret, il savait ce qui était caché.

Que le secret soit une énigme, un code ou un objet dissimulé ou enfoui.

La petite fée qui avait essayé de le tuer l’avait rendu infirme pour bien des chose mais lui avait accordé un don secourable qui le faisait

Savoir.

Rien de ce qui était caché ne lui était interdit.

Soudain, l’idée s’illuminerait sur un mur, sur le sol.

Et ce don était précieux.

On le payait cher sans lui demander d’expliquer.

Et il était assez intelligent pour ne jamais oser essayer.

Il savait aussi de quoi sont capables les hommes.

Car il les savait aussi. Les devinait. Les connaissait.

Définitivement.

Il n’aimait pas l’idée de se prostituer pour vivre.

Mais c’est ainsi que faisaient tous les autres sur ce que leur société appelait Marché du Travail. Abandonnant leur liberté et leur libre arbitre et leur volonté à leur chef et à leur employeur. Se prostituant comme ces femmes ou ces hommes que tous disent mépriser et qui leur ressemble tant. Eux vendent leurs corps pour un temps bref. Touts les autres vendent leur corps et tout le reste tout le temps. Seul le hasard de la naissance sépare les vendus, les achetés et les acheteurs.

Les pauvres se vendant aux riches.

Leurs bras. Leur énergie. Leur vie.

Les plus intelligents, ce serait leur cerveau.

Ce qu’il faisait.

Afin que le riche devienne de plus en plus riche.

Comme le ver de chair qui s'incruste dans la peau, l'anus, l'intestin.

Et tout ceci est dit comme normal.

On l'apprend le plus rapidement possible à tous les nouveaux arrivés sur cette Terre afin qu'ils ne l'oublient jamais et que l'obéissance devienne réflexe, endémique.

Afin qu'ils respectent les vers et les larves parasites.