Sonnerie.
Téléphone ?
Sherlock Holmes après avoir utilisé les différentes techniques disponibles pour se réveiller
- dont le traditionnel réveil-matin, l'application sur téléphone cellulaire dit «intelligent», le radio-réveil. La minuterie sur TV qui vous lançait dans votre esprit léthargique une émission TV ou une pub. Ce qui était moins pire que les perpétuels optimistes de la radio.
Il faudrait les pendre.
S'était abonné à une compagnie d'appels téléphoniques. Ensuite, il ne lui restait plus que les télégrammes chantants avec un clown. Il détestait les clowns et le cirque.
S'il avait du mal à dormir et s'endormir - lorsqu'il s'endormait enfin, il ne se réveillait plus. Une sorte d'apnée du sommeil puissance X. Alors que les malades banals cessent de respirer plusieurs fois par nuit, ce qui fatigue le coeur et l'esprit. Lui tombait sans connaissance. Et c'était revenir qui était difficile.
Aux premiers, on donne un masque qui leur souffle de l'oxygène. Pour lui, il n'y avait pas de remède.
Une amie qui l'avait vue faire - rare étaient les femmes qui entraient chez lui et, encore plus rares, celles qui y dormaient. Ceci remontait à combien d'année ? - lui avait dit qu'il avait l'air comme mort et qu'elle ne parvenait pas à le réveiller. Et il l'avait presque terrorisée en lui disant qu'il appréciait l'idée d'être mort - pour une fois, il ne rêvait pas - il détestait ses rêves - l'impression de vivre 2 vies - et au réveil, comme s'il sortait d'un monde parallèle ou d'une autre dimension, revenant dans son ancien corps - aussi fatigué que s'il avait vécu toute une journée et qu'il allait enfin pouvoir se reposer - et voilà qu'une autre vie l'attentait. Avec un témoin. Une femme. Une femme inquiète. Les femmes sont toujours inquiète. C'est leur nature. Et une femme qui se posait des questions. Les femmes se posent toujours des questions. Ça fait parti de leur nature.
Et il fallait leur expliquer.
Et elle ne comprendrait pas.
Il détestait le son du téléphone. Toujours l'impression qu'il s'agissait d'une mauvaise nouvelle. Et ce son était parfait pour remplir le rôle qu'on attendait de lui - le réveiller à l'heure où il devait se réveiller.
Il pouvait programmer le système à distance.
Il ouvrit son ordinateur pour prendre ses messages.
Quelqu'un qui lui voulait du bien l'avertissait qu'un message l'attendait.
Il alla prendre dans un livre de sa bibliothèque sa feuille de code.
Un secret partagé n'est plus un secret. Quel meilleure code que celui qu'on ne connaît ps soi-même.
Ceci l'amena à un site internet privé non inventorié par Google - hors statistique et recherche - ou n'allait que les participants privés du site. Il fallait s'inscrire auprès du créateur du site.
Sur les milliards de site, même si l'adresse fait inévitablement parti du répertoire, elle arrivera dans les millionnièmes pages - encore faut-il que quelqu'un ait l'intuition de chercher ou joue aux dés avec les chiffres et les lettres et les signes mathématiques.
Le même genre de site utilisé par les pédophiles. L'Internet profond. Et par les services secrets qui s'incrustent incognito sur les sites pédophiles parce que à part les amateurs du genre, personne n'y va. Il y a une sorte de répulsion naturelle pour les gens qui n'ont pas ce goût particulier. S'ils tombent par hasard dessus. Et les adeptes sont bien trop occupés pour s'inquiéter du fait qu'on ait piraté leur site. Et les passagers clandestins s'en servent pour se donner des messages. Quant aux policiers, comme ils n'ont aucune idée du comment ni du pourquoi, ils attendent de tomber sur le gros curé ou rabbin qui s'ennuie qui écrit quelques mots tabous dans le moteur de recherche. Qui font ding ding dans un autre moteur de recherche.
Le nom du site était impossible à retenir par coeur. Et de même le code d'entrée. D'où l'indispensabilité de les écrire. Quelque part dans un livre à telle page.
Il y avait un message.
Datant de la semaine dernière.
Il n'avait pas écouté la TV (on dit ici «écouter la TV»), la radio ni lu les journaux depuis une semaine. Une cure pour se nettoyer la tête.
Même chose pour Internet.
Pour se raccrocher au monde «normal» son esprit devait être accordé comme un instrument. Et une grande part concernant cet accord ne le concernait pas. À un moment donné, il devait décrocher du monde. Et à un autre moment donné, il se rebrancherait. Comme un grille-pain ou un ordinateur.
Son esprit ne pouvait être relié trop longtemps à ce monde sous peine de griller. D'où les cures et les régimes d'information comme d'autres font des jeûnes à l'eau pour se nettoyer l'estomac.
Ce monde lui donnait l'envie de vomir.
Comme lorsque - supposons l'exemple - quelqu'un aurait bouffé un baril de poulet frit/frites/coke - à volonté - chez le célèbre colonel et qu'il gagnerait en prime un baril format familial. Aucun foi n'y résisterait. Sans compter les reins.
Son esprit devait être à jeun. Affamé.
Il devait avoir besoin d'informations, de faits, de nouvelles, de données.
Et avoir digéré les anciennes informations.
Sur l'écran, il y avait une question:
Avez-vous pensé à l'Ukraine?
La personne qui les posait aimait les devinettes.
La précédente était: avez-vous pensé à la Syrie?
Et il avait pensé.
On lui avait posé plusieurs fois la même question. Par intermittence. Et il avait pensé à chaque fois à la Syrie. Comme il avait pensé à la Libye. Et à l'Irak.
Bientôt, on lui demanderait sans doute de penser à l'Irak qui, malgré tous ses malheurs, ne semblait pas en avoir assez, aussi on lui en ajoutait d'autres. Comme les initiations des mercenaires de la Légion Étrangère.
Le jeu était simple.
Il répondait oui. Ou non.
S'il répondait non, il ne se passait rien - il le savait pour l'avoir expérimenté - et 1 mois ou 6 mois plus tard, il avait une autre question sur un autre sujet.
S'il répondait oui.
Le jour suivant, son courtier l'appelait pour lui dire qu'il venait de recevoir l'ordre de déposer dans son compte des obligations à coupons détachés - du temps où elles étaient en papier et qu'il fallait vraiment détacher les coupons comme on fait pour les taxes municipales si on les paie par étape. Ou obligation à coupon zéro. Tout n'étant plus que des informations et des chiffres électroniques. Les jolies papiers gravés - des années d'apprentissage pour parvenir à ces chef-d'oeuvre, étant vendus chez les antiquaires.
Autant serait ajouté à son compte lorsqu'il aurait pensé.
Et penser pour lui était simple. Un jeu. Il aimait penser. La plupart des gens n'étant pas équipé pour la chose, son genre de talent était recherché. Il avait toujours refusé de le vendre ou de le louer à des organismes privés ou gouvernementaux ce qui lui faisait penser à la prostitution. Activité qu'il n'approuvait ni ne désapprouvait n'ayant pas encore eu le temps d'y penser et il avait comme opinion de ne pas penser aux choses sans importance et de ne donner son avis qu'après avoir pensé. À une chose importante si possible.
Ce qui faisait qu'il avait préféré éloigner les femmes de lui. Leur esprit étant à la fois trop simple et trop confus. Il devait faire comme un autiste asocial et essayer de décoder ce qu'elles avaient dit, le ton de la voix utilisé, la moue ou la mimique, ce qui était épuisant.
Il avait apprécié la présence de quelque femme - il ne disait pas «aimer» ce qui était du langage féminin. Les femmes étaient de merveilleux jouets.
Mais il était préférable de les abandonner à leur sort. Puisqu'elles étaient programmées par la Nature, comme les femelles de toutes les espèces, pour pondre. Il leur fallait rechercher un mâle pour les saillir et les féconder. De préférence nazi - du gabarit le meilleur disponible - riche - afin que le lit des oisillons soient confortables et qu'ils puissent faire des études universitaires. Il ne pourrait jamais leur donner ce qu'elles - ou leur instinct - exigeaient.
Il se souvenait que Hergé, l'auteur de Tintin, pour satisfaire les désirs de son épouse qui ne pouvait enfanter, avait dû accepter d'adopter un enfant. Comme celui-ci et sa présence avait rapidement fini par l'encombrer, il fit rapporter par sa femme l'enfant à son orphelinat. Il aimait dessiner des chiens - Milou - mais trouvait un véritable chien trop préoccupant. Que dire d'un enfant ?
Sherlock Holmes en plus des femmes - idée stupide suggérée par quelqu'un du monde réel - avait essayé quelques animaux plus simples. Un chien névrosé. Un petit chien. Les pires. D'après l'idée stupide que s'ils sont petits, ils sont moins pire que les gros. Erreur. Qui lui avait fait rapidement pensé à une femme. Qui le regardait les yeux mouillés quand il sortait avec l'idée de se venger. Ce qu'il faisait des heures durant. Et les voisins lui apprenait qu'il hurlait, pleurait, déchirait tout avec ses griffes parce qu'on ne s'occupait pas de lui. Il hurlait et pleurait aussi quand il était là. Sa vie de chiot étant vide sans son maître. Comme celle d'une femme. Et il fallait au maître passer sa vie à le distraire et l'occuper.
Un chat plus tranquille. Mais il sentait sa présence. Encore une fois comme une femme. Qui le surveillait. Ne disait mot mais pensait.
Un poisson rouge. Mais il fallait le nourrir et nettoyer la cage et ne jamais oublier sinon ça puait. Et les vitres d'un aquarium pas lavé contenant un bouillon vert avec des algues avait de quoi lever le coeur.
Bref, la présence d'un être vivant dans le même espace que lui l'oppressait. Sans doute que l'inventeur du Pet-Rock http://www.petrock.com/ avait eu le même problème que lui. Les humains l'étouffaient. Et l'idée originale de 1970 avait été récupéré par des amis des animaux qui affirmaient qu'il valait mieux avoir une roche comme ami ou un ami virtuel életronique Tamagotchi
que d'abîmer un animal. Quoiqu'on ne fasse que ça dans les étables d'élevage, les abattoirs et les bateaux de pêche.
Quelqu'un de riche avait besoin de ses pensées. Anaïs Nin écrivait des nouvelles porno à 1 exemplaire pour un admirateur mécène. Lui, pensait.
Comme il n'était bon qu'à ça.
Le monde matériel en 3 dimensions était un adversaire, presque un ennemi pour lui. Il se cognait partout. Comme s'il n'avait aucune mobilité fine qui permettait de percevoir les coins de bureau ou de table ou les cadres de porte avant de s'y coincer ou frapper.
Penser.
Il faudrait qu'il achète tous les journaux qui traitaient du sujet. Généralement, il suffisait de croire le contraire de ce qu'on y écrivait.
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24 juin 2014. État 1